Ce premier épisode de notre nouveau dossier va nous faire traverser les siècles ! Si vous pensiez que la street-food avait été inventée à New-York ou dans les rues de Tokyo, vous êtes loin du compte… On vous garantit, vous allez être surpris !
La street food antique
Ce que vous voyez au-dessus est la preuve irréfutable d’une consommation de rue à Pompéi, en 79 après Jésus-Christ. Appelé thermopolium (du grec « thermos » qui signifie chaud, et « pôléô » qui signifie vendre) on en recense plus de 80 dans la seule ville de Pompéi. Comment ça fonctionnait ? A l’intérieur les « cuisiniers » y préparaient toutes sortes de plats. On a d’ailleurs retrouvé un fragment d’os de canard, mais aussi des restes de porcs, de chèvres, de poissons et d’escargots dans les pots en terre cuite, où plusieurs ingrédients étaient cuisinés ensemble. « En plus d’être un témoignage sur la vie quotidienne à Pompéi, les possibilités d’analyse de ce thermopolium sont exceptionnelles, parce que pour la première fois on a exhumé un environnement entier » s’est réjoui Massimo Osanna, directeur général du parc archéologique de Pompéi.
Ces petits stands alimentaires étaient très populaires dans le monde romain. Pour deux raisons principales : à cette époque, manger chez soi est un luxe, les ustensiles et les moyens de conservation sont rares et chers. Alors on prend à emporter et on mange dans la rue. Deuxième raison : les restaurants n’existaient pas encore. D’autres circonstances sont à prendre compte également. Pompéi est une ville où il faisait bon vivre, les habitants étaient dehors la plupart du temps et de ce fait, commerçaient en extérieur. Cette émulation de personnes et d’activités a également favorisé cette « street food antique ».
Et partout ailleurs…
« La street food, il faut le comprendre comme une pratique de chasseurs-cueilleurs mis en ville. C’est exactement la même chose. En fait, c’est la mobilité des individus, que ce soit à l’échelle d’une région ou à l’échelle d’un espace urbain, qui est liée simplement à leurs activités quotidiennes qui créent le besoin, le besoin de street food. Vous vous déplacez, vous avez besoin de vous nourrir et vous vous nourrissez comme ça, d’autant plus que les autres options de consommation arrivent très tardivement« , contextualise David Do Paço, historien de la street food.
C’est donc tout naturellement que pendant des siècles, la street food est au cÅ“ur de la société, peu importe le pays. C’est la base du lien social. La rue c’est la vie. Mais l’habitude se perd au XVIIIe siècle avec l’explosion démographique, l’arrivée des restaurants, de la bourgeoisie et des normes sociales… Les français, notamment, délaissent la rue et investissent les intérieurs pour manger et créer du lien social.
Le retour en force
Et comme un éternel recommencement, la street food réapparaît dans les villes et quartiers branchés, notamment européens depuis quelques dizaines d’années. Lyon n’est d’ailleurs pas épargnée par ce phénomène ! Capitale mondiale de la gastronomie, elle oscille entre grands restaurants étoilés, bouchons classiques aux produits « bien de chez nous » et multitudes de plats des quatre coins du globe, à consommer dans les parcs, quais, et jardins lyonnais.
Un bouillon de culture street food qui se caractérise par un festival, au nom éloquent « Lyon Street Food Festival » , considéré comme un véritable road trip culinaire, qui fête aujourd’hui ses 5 ans d’existence. Et comment ne pas citer également le superbe ouvrage « Street Food de Gones » ou quand le terroir lyonnais côtoie la cuisine de rue.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la street food à Lyon, ses inspirations asiatiques, libanaises, grecques, turques, canadiennes, et bien d’autres … C’est dans notre second volet, vendredi prochain ! À cette occasion, nous ferons un tour d’horizon de ce qui se fait de mieux – et de meilleur – à Lyon, en Presqu’île !