EN MARGE DU RÊVE AMÉRICAIN
Du 2 juin au 27 août 2023.
Le projet d’exposition trouve son origine dans un tableau de Robert Guinan, Portrait de Nellie Breda, 1973, acquis par le musée des Beaux-Arts de Lyon auprès de la galerie Le Lutrin en 1977. Le tableau représente la mère d’Emile Breda, un musicien noir ami de l’artiste, compagnon de ses virées nocturnes dans les bars de Chicago où il a rencontré la plupart de ses modèles, qui a servi lui-même plusieurs fois de modèle.
Originaire de Watertown, une petite ville du nord de l’état de New York, Guinan achève ses études secondaires en 1951. Son service militaire dans les forces aériennes en 1953 le conduit en Lybie et en Turquie. En 1959, il s’installe à Chicago pour y suivre à l’Art Institute des cours d’histoire de l’art, de peinture et de photographie. Il se met à peindre dans le style de l’expressionnisme abstrait et du Pop Art qui dominent alors la scène artistique. Dès 1965, il s’en détourne en réalisant des tableaux-objets où le collage est introduit. Á partir de 1970 il adopte un style réaliste, prenant désormais essentiellement pour modèle des déshérités, quelle que soit l’origine, le plus souvent des noirs, issus des anciens ghettos et des quartiers pauvres de Chicago.
Le public français connaît la peinture de Guinan depuis le printemps 1973, date de sa première exposition à la galerie Albert Loeb à Paris. Il reste cependant isolé dans son propre pays. Profondément attaché à Henri Toulouse-Lautrec et à Edgar Degas, il s’inscrit dans la lignée d’Edward Hopper. Mais alors que ce dernier met en scène des personnages anonymes, Guinan peint des portraits, s’intéressant à la vie de ses modèles et se liant d’amitié avec eux.
À travers ses scènes de bars, ses paysages urbains, ses portraits et ses scènes de rue et de métro, Guinan représente une « réalité à nu, sans détour et sans artifice et surtout en se limitant aux seuls moyens de la peinture » (Jean Clair, « City of the Night », cat. exp. Galerie Albert Loeb, Paris, 1979). Deux séries de lithographies s’ajouteront à la cinquantaine de peintures et à la quinzaine de dessins exposés : l’une sur le thème de l’esclavage ; l’autre inspirée par des poèmes de guerre du grand poète anglais Wilfred Owen, pacifiste, mort sur le front quelques jours avant l’armistice de la guerre de 1914-18.
L’exposition se présente comme un prolongement des nombreux travaux menés ces dernières années, qu’il s’agisse du grand programme d’étude des représentations des noirs dans l’art occidental de Henry Louis Gates Jr. (The Image of the Black in Western Art, Harvard, Harvard University Press, 2010-2014) ou de l’exposition Le Modèle noir. De Géricault à Matisse présentée en 2019 au Musée d’Orsay qui se pencha sur l’imaginaire que révèle la représentation des noirs dans les arts visuels de l’abolition de l’esclavage en France (1794) à nos jours mais souligne au-delà de toute ségrégation l’attachement du peintre à traduire la condition humaine des « damnés de la terre ».
Ses œuvres sont présentes dans les collections du Centre Pompidou, du musée de Grenoble, du musée des Beaux-Arts de Lyon et du FNAC ainsi que dans des collections privées en France, Belgique, Italie, Allemagne et États-Unis d’Amérique.
Bernard Blistène, ancien directeur du musée national d’art moderne au Centre Pompidou, a rédigé pour le catalogue un important essai sur le peintre.
Tarifs : 4€ – 8€
Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés.
Musée des Beaux-Arts de Lyon : 20, place des Terreaux – 69001 Lyon